Les Nabis et le Décor

Présentée au Musée du Luxembourg jusqu’au 30 juin, Les Nabis et le Décor est une très belle exposition qui nous entraîne à la fin des années 1880 alors que de jeunes artistes créent leur propre mouvement culturel rebelle en opposition à l’impressionnisme.

Les Nabis, qui sont-ils ?

Le mouvement Nabi a été actif entre 1888 et 1900. Il a été créé par de jeunes artistes qui se sont regroupés pour affirmer leur volonté de rompre avec l’impressionnisme qu’ils estiment trop conformiste et trop proche de la réalité.

Les Nabis tirent leur nom du terme arabe ou hébreu qui signifie « prophète » ou « illuminé ». Ils cherchent à se défaire de la peinture imitative pour se tourner vers une peinture plus décorative et symbolique. Dans ce groupe formé par Paul Sérusier, se trouve des artistes et amis du peintre tels que Paul Ranson, Pierre Bonnard, Édouard Vuillard, Maurice Denis, René Piot, Henri-Gabriel Ibels et Ker-Xavier Roussel. Après 1891, ils seront également rejoints par le Hollandais Jan Verkade, le Suisse Félix Vallotton, puis aussi Georges Lacombe, Mogens Ballin, József Rippl-Rónai, Charles Filiger, Adolf Robbi et même le sculpteur Aristide Maillol.

Ces rebelles de l’art et de la peinture, s’affublent eux-mêmes d’un surnom en rapport avec une de leurs particularités, ainsi Paul Sérusier est « le Nabi à la barbe rutilante », Maurice Denis « le Nabi aux belles icônes », Pierre Bonnard « le Nabi très japonard » pour sa fascination pour les estampes japonaises. Mais ce n’est rien à côté sur surnom de Paul Ranson : « le Nabi plus japonard que le nabi japonard » !

Des influences variées pour une très belle exposition

En s’inspirant du monde qui les entoure, les Nabis vont créer pendant ces quelques années, un mouvement artistique en opposition avec la peinture académique et l’impressionnisme.

Ils s’inspirent des jardins, des femmes, des intérieurs de résidences, de l’art nouveau, de l’art japonais et des rites sacrés.

Dans cette belle exposition organisée par la Réunion des musées nationaux – Grand Palais, du musée d’Orsay et du musée de l’Orangerie, les nombreuses œuvres présentent des lignes simplifiées, des couleurs assumées, des perspectives planes. Les Nabis travaillent leurs tableaux pour qu’ils soient décoratifs avant tout !

Ce que j’ai particulièrement apprécié dans cette exposition c’est la qualité des textes explicatifs. En effet, le mouvement Nabi n’est pas le courant artistique le plus connu qui soit, il est regroupé sur une courte période de temps et il est du coup agréable de pouvoir en apprendre davantage sur le cheminement de pensée de ces rebelles de la peinture anti-impressionnisme.

En tout cas, l’effet décoratif est toujours bel et bien là ! Hormis quelques tableaux qui piquent littéralement les yeux comme les Personnages dans un intérieur d’Édouard Vuillard avec des motifs fleuris et chargé sur les murs, le sol et les vêtements, tous les autres tableaux sont agréables à regarder.

J’ai adoré Le Grand Jardin de Pierre Bonnard, le superbe paravent Paysage vallonné de Marguerite Sérusier mais aussi l’époustouflant décor en 7 panneaux de Paul Ranson !

Une très belle exposition à découvrir avant le 30 juin, et pourquoi pas lors de la soirée spéciale gratuite organisée ce samedi 18 mai de 19h30 à minuit à l’occasion de la Nuit Européenne des Musées.